Où en est l'abeille bretonne ?

L'ouvrage fait le point sur la catastrophe en cours en forme d'avertissement pour l'homme. Histoire, anecdotes, recettes magiques, magnifiques photos de Jean-Louis Le Moigne, ce livre est aussi un hymne à la vie qu'on malmène.
éd. Coop Breizh, juin 2011

[Voir un extrait ICI]








PETITE PESTE
[À lire ICI]






RANCUNE DE MER

dans Scarweather,
autour d'un bateau-feu
,
catalogue d'exposition,
collectif, avec P. Raynal, JB Pouy, Aube Breton, etc.,
éd. Coop Breizh, novembre 2010 .



Rancune de mer,
[à lire ici].





ROK
premier tome illustré sur l'histoire du rock en Bretagne.
éd. de Juillet, janvier 2011.

Callac on the rock,
[à lire ici].






LE VIN DES REBELLES
[Lire]





LE GOÉLAND MASQUÉ
Le très convivial salon du roman policier et de la BD ainsi dénommé, a eu lieu du 22 au 24 mai, à Penmarc'h.

Que du bonheur, avec des bénévoles aux petits oignons, et avec tant de bistrots formidables, de tenancières magnifiques (il n'y a qu'à voir comment se dressent devant elles tant de phares indestructibles !), de Pors Carn à Kérity, de chez Marie-Cath à chez Emma !


Le petit salon qui monte fête ses dix ans cette année avec la sortie de butin, un recueil de nouvelles concoctées par ses "auteurs-phares" -c'est le cas de dire- et illustrées par des auteurs de BD.

En avant-goût,
la nouvelle de Gérard Alle,
illustrée par Christophe Lazé, [à lire ici].

 






 

Transcription d’un entretien enregistré par Paul Maisonneuve, le 26 novembre 2014, à propos de l’expérience d’art participatif menée à Séné en 2012.
[À lire ici]






LE CHOUKA DE PRISTINA
récit balkanique

A Pristina, Pascale Delpech, grande prêtresse franco-balkanique, nous avait invités à dîner. Belle tablée d'après guerre, bruyante de grandes gueules. Eclats de rires multilingues. Yec'h mat, santé, jiveli. Le lieu, qui se voulait cossu, n'arrivait pas complètement à tuer l'ambiance. Disons que dans ce combat entre le vin rouge et la moquette, le vin rouge prenait le dessus, bien entendu. Pas facile quand même de communiquer d'un bout à l'autre de la table, malgré la présence de quelques médiateurs internationaux. Alors, peu à peu, les conversations tournèrent aux duos, au dialogue de sourds et parfois même au solo d'alcolo, c'était le cas pour mon voisin de table, par exemple. Je commençais à m'ennuyer et à avoir envie de changer de crèmerie, quand un jeune homme vint s'asseoir à côté de moi. Il dénotait du reste de l'assemblée, avec sa barbe naissante, son foulard rouge, son air de rebelle égaré. Nous ne mîmes pas longtemps à nous rendre compte que nous venions du même coin de l'Europe. Sébastien était originaire d'Inzinzac-Lochrist, dans le Morbihan. Il était arrivé à Pristina à bord de sa vieille R12 rouge, cabossée pourrie, immatriculée 56. Déjà un petit exploit, quand on connaît le nombre d'obstacles qu'il fallait franchir à l'époque, pour entrer au Kosovo. Mais Sébastien semblait se jouer des frontières avec désinvolture, convaincu que rien ne pouvait venir à bout de sa soif de liberté. Mais comment un jeune homme de 23 ans avait-il pu aboutir dans ce coin ravagé du monde ? Et pourquoi venir à Pristina, où il y avait quand même plus de soldats schtroumpfs aux casques bleus que de filles de son âge et à son goût ? Cela m'intriguait. Piqué par ma curiosité, Sébastien se mit à raconter.
Son premier voyage vers les Balkans datait déjà de quelques années. Le garçon n'avait pas encore vingt ans lorsqu'il partit pour la première fois au volant de la vieille R12 de ses parents vers Sarajevo. Mais pourquoi Sarajevo ? " Je ne sais pas... Débarquer dans une ville après une guerre, peut-être un sentiment d'injustice... Vraiment, je ne sais pas. Quelque chose m'attirait. La musique. Des gens de là-bas, des énervés rencontrés au bout de la nuit, à Paris... En tout cas, je voulais aller là et pas ailleurs. Et pourtant, personne ne m'avait invité. J'avais juste lu quelques trucs, vu quelques images. C'est tout. Vraiment. C'est tout... "
Et voilà notre Sébastien parti tout seul au volant de sa vieille bagnole, écoutant Dylan durant tout le voyage qui passe vite, très vite, finalement. En fait, c'est pas très loin, Sarajevo, me dit-il.
" Là-bas, quelques jours après mon arrivée, dans un bar, j'ai rencontré Olga, une belle Norvégienne, dont je suis tombé fou amoureux. Enfin, nous sommes tombés... elle aussi, du moins c'est ce que je croyais. Trois semaines d'amour fou, je te dis pas ! Mais au bout de trois semaines, j'avais plus un flèche. Olga repartait à Oslo. Nous avons échangé nos adresses, nos promesses de nous revoir bientôt. Je suis retourné en France. A Paris, j'ai fait la plonge dans les restaus, pour mettre de l'argent de côté, tout en fouinant sur internet, jusqu'à trouver un billet pour Oslo. Trois mois plus tard, je débarquais chez Olga, qui vivait chez ses parents, le cœur battant. J'ai sonné... Olga a ouvert la porte. Et elle m'a dit : Qu'est-ce que tu fous là ? J'ai bégayé, tenté une explication, mais en face, c'était froid, glacial. Olga a ajouté : Bon, je vais pas te laisser dehors, il fait moins douze. Mais demain, tu dégages. T'as bien compris ?
Le lendemain, j'étais dehors avec mon sac à dos, le cœur gelé, en mille morceaux. Je décidai de me payer un billet de car jusqu'à Copenhague. J'avais l'adresse d'une autre fille, rencontrée elle aussi à Sarajevo, et qui vivait en communauté. Ça m'avait l'air très cool.
Arrivé à Copenhague, je sonne à la porte de ladite communauté. Chic, c'est Cristina en personne qui vient m'ouvrir... Bonjour Cristina... Qu'est-ce que tu fous là ?... Merde alors, ça recommence... Ma copine Olga m'a dit que t'étais un emmerdeur, alors tu dégages ! Mais il fait froid dehors. Tant pis pour toi, démerde-toi... Alors je suis parti à la gare, me demandant pourquoi diable j'avais voulu retrouver ces filles et pourquoi je n'étais pas retourné à Sarajevo, où la vie m'avait l'air tellement plus simple. Sans doute que c'était Sarajevo, que j'aimais, dans le fond, bien plus que la Norvégienne, bien plus que le Danemark et peut-être même plus qu'Inzinzac-Lochrist. Bon. Il me restait juste assez de fric pour m'acheter un billet de train jusqu'à Berlin. En attendant l'heure du départ, je me suis endormi sur un banc. Il faisait chaud. J'ai ôté ma veste... Et quand je me suis réveillé, à côté de moi, il n'y avait plus ni veste, ni sac à dos. J'étais en chemisette et sans un rond ! Heureusement, encore, que le billet était dans ma poche de pantalon. Ouf ! Une fois à Berlin, je me suis glissé en douce dans un train pour Paris. En France, il y avait grève. Pas de contrôleur. Aussi, je suis arrivé sans encombre à Paris. La chance était-elle en train de tourner ?... Exténué, j'ai repris mon souffle pour attaquer les cinq étages qui menaient à ma chambre de bonne, et là, dormir, dormir... Mais... Putain ! Où j'ai mis la clé ? Merde ! Merde ! Elle est restée dans la voiture, dans la vieille R12 de mes parents, à Inzinzac-Lochrist ! J'ai erré dans Paris toute la nuit. Ça caillait ! J'ai pris le premier train du matin pour la Bretagne. Gratos - C'était toujours la grève des contrôleurs - et j'ai débarqué chez mes parents en chemisette et dans un état second. Après avoir soigné une méchante crève et m'être bien reposé, je me suis rendu à l'évidence : Tu vois, Sébastien, y a qu'un seul endroit au monde où c'est pas la merde, c'est là-bas, à Sarajevo. Dès que j'ai eu un peu de blé, je suis reparti pour Sarajevo, avec Dylan à fond la caisse, dans ma vieille R12 pourrie. "
" Et puis finalement, à Sarajevo, au bout de trois ans, je me suis dit : Bon, maintenant, cette ville, c'est trop calme pour moi, il me faut quelque chose de plus corsé. Alors, je suis parti vers le Kosovo, avec ma vielle R12 immatriculée 56, et tout le monde m'a laissé passer les frontières et les check point, même les Américains. Et franchement, depuis que je suis ici, à Pristina, je me régale ! Tu vas voir, je vais te montrer un peu. "

Le repas terminé, nous sommes partis, nous les Bretons, dans le sillage de Sébastien. Il neigeait sur Pristina. Beaucoup de bars étaient fermés, mais Sébastien finit par nous dégotter une taverne bourrée de soldats, de fonctionnaires des organisations internationales et d'Albanais éméchés. Après la fermeture, Sébastien nous a raccompagnés jusqu'à notre hôtel. C'était un vieil établissement décadent, aux rideaux de velours élimés, dont les employés continuaient à faire comme si la Yougoslavie existait encore. Devant l'hôtel, sous la pâle lueur de la lune, nous avons continué à discuter. D'étranges arbres aux feuilles noires bruissaient d'une brise légère, comme irréelle. Au bout d'un moment nos yeux ont fini par percer le mystère : les branches de ces arbres dénudés étaient couvertes d'oiseaux noirs. Sébastien nous a expliqué : " Ben oui, ce sont des choucas. L'hiver, ils vivent ici, et l'été, ils vivent en Bretagne. Les choucas voyagent à l'inverse des autres oiseaux. "

Je n'ai jamais revu Sébastien, drôle d'oiseau breton des Balkans, assoiffé d'aventures et d'humanité, qui voyageait à l'envers de l'hiver, au contraire des jeunes de son âge. Mais quand je pense à Inzinzac-Lochrist, maintenant, pour moi, c'est sur la route de Pristina, tout près du Kosovo.







BOEVIKI
Gérard Alle travaille en ce moment avec le dessinateur Briac, sur un projet de BD intitulé Boeviki (terroriste tchétchène, en russe). Le projet, qui prend racine dans les montagnes de Géorgie, cherche toujours un éditeur. Et les planches de Briac sont superbes !




 

UN GRAND SECRET DANS MON POMMIER
[À lire ici]







DES CRIS D'ONFRAY
"La langue régionale exclut l'étranger, qui est pourtant sa parentèle républicaine. Elle fonctionne en cheval de Troie de la xénophobie, autrement dit, puisqu'il faut préciser les choses, de la haine de l'étranger, de celui qui n'est pas "né natif" comme on dit (...) Parler l'anglais, même mal, c'est parler la langue de l'Empire. Le biotope de l'anglais a pour nom le dollar (...) L'espéranto propose d'habiter une langue universelle, cosmopolite, globale qui se construit sur l'ouverture, l'accueil, l'élargissement ; elle veut la fin de la malédiction de la confusion des langues et l'avènement d'un idiome susceptible de combler le fossé de l'incompréhension entre les peuples (...)"


Comment Michel Onfray, à notre époque, peut-il encore proférer de telles inepties et ânoner de tels clichés ?
[Réponse ici]